L'Autre choix: le contentement personnel par l'auteur du Mendiant
L'Autre Choix:
choisir la liberté et le bien-être, un livre de contentement ou d’épanouissement
personnel. Les principaux thèmes du Mendiant sous une forme plus
technique et pratique...
L'Autre Choix
Choisir la liberté et le bien-être
par Benoît Saint Girons
(à paraître)
► Présentation ► sommaire
► extraits ► Où se le procurer
PRESENTATION
Un énième livre de développement personnel ? Non, plutôt de contentement ou
d’épanouissement personnel. Benoît Saint Girons, auteur de l’Alchimie du Succès,
y complète sa précédente analyse: après les techniques pour se développer, voici
venu le temps des réflexions et des stratégies pour mieux s’apprécier et
profiter du quotidien.
La théorie selon laquelle nous n’utilisons que 10% de notre cerveau est
scientifiquement fausse et l’image du surhomme, qui plane au dessus de nos
têtes, nous fait de l’ombre. Frustrations de se croire potentiellement
surpuissant mais de ne se trouver, en face du miroir, que finalement très
ordinaire. Sentiments d’injustice, de honte et donc finalement de mal-être :
dans un monde qui honnit l’erreur, demande la perfection, encense le bonheur et
place les hommes en compétition permanente, les frustrations et le stress ne
peuvent que se généraliser…
Co-fondateur du centre de bien-être Oasis, Président de l’Association Suisse
Bien-Être et Rédacteur en chef du Guide du bien-être à Genève, l’auteur livre
ici un ouvrage militant : il y dénonce un certain nombre de mythes générateurs
de stress et réhabilite une notion souvent dénaturée et caricaturée par la mode.
Le bien-être, valeur humaniste, devrait tout simplement être le sens de la vie :
la vie ne tourne-elle pas mieux lorsque je me sens bien ?
Cet ouvrage, résolument pragmatique, s’articule autour d’idées simples,
d’exercices pratiques et de dix stratégies fondamentales pour transformer son
existence. La liberté et le respect de l’individualité y sont au cœur de la
réflexion. Il ne procure pas de bien-être mais les moyens pour accueillir celui
qui sommeille en chacun d’entre nous…
SOMMAIRE
Première partie : Les Réflexions de la liberté
1. Relativiser les mythes de la performance
L’influence de nos croyances / Le mythe du surhomme et du développement
personnel / Les rêveries de l’ambition / Le mythe de l’argent / La tyrannie du
bonheur et de la bonne humeur / Le mythe de l’information / Le mythe de la
malchance.
2. Respecter sa nature
Un homme est imparfait et commet des erreurs / Un homme est mortel / Un homme
est libre / Un homme est violent / Un homme est confronté à des problèmes / Un
homme est (trop souvent) complexé / Un homme est bon, unique et précieux.
Deuxième partie : Les sens du bien-être
3. L’essence du bien-être
Première voie : une bonne santé / Deuxième voie : des sens en éveil / Troisième
voie : un esprit serein ou positif / Quatrième voie : un environnement
accueillant.
4. Donner un sens à sa vie
Le sens de l’utilité / Le sens de la générosité / Les sens de l’amour
Troisième partie : Les dix stratégies de la liberté et du bien-être
5. Améliorer et maîtriser sa consommation
Le mythe de la consommation / Stratégie N°1 : Soumettez votre consommation aux
cinq tamis / Stratégie N°2 : Adoptez une hygiène alimentaire naturelle /
Stratégie N°3 : Utilisez les aliments de la vitalité.
6. Retrouver et réapprécier son temps
Réhabiliter la patience / Stratégie N°4 : Levez-vous aux aurores ! / Stratégie
N°5 : Balancez votre téléviseur ! / Stratégie N°6 : Vivez sans montre ! /
Stratégie N°7 : Appliquez le programmes actions…
7. Accepter et respecter autrui
6,3 milliards de points de vue / Stratégie N°8 : Ecoutez activement / Stratégie
N°9 : Réfléchissez vos sentiments / Stratégie N°10 : N’attendez plus rien de
l’autre (et moins de vous)
EXTRAITS
► Le mythe du surhomme et du développement personnel ► Un homme est bon, unique
et précieux
► Les sens du bien-être (introduction)
Le mythe du surhomme et du développement personnel
La théorie de l’évolution de Charles Darwin, fondée sur la sélection naturelle
des plus aptes comme unique facteur de développement (la fameuse « loi de la
jungle ») est en train d’être mise à mal par des scientifiques courageux.
Pourquoi courageux ? Parce que le dogmatisme serait tel que remettre en cause la
doctrine darwinienne serait « la garantie de ne plus publier dans les grandes
revues et donc de perdre ses financements de recherche » selon les dires de
biologistes anonymes au magazine Sciences et Avenir. La loi du plus fort plait
aux puissants…
En attendant, le mathématicien Peter Saunders a calculé que la sélection
naturelle n’aurait pas permis de générer la fantastique diversité du vivant sur
Terre et plaide pour un nouveau modèle évolutionniste : la coopération entre
organismes. C’est aussi l’avis de Paul Nardon, de l’Institut national des
sciences appliquées (Insa) de Lyon : « Les organismes ont une tendance naturelle
à s’associer […] la généralisation de la symbiose, au plan zoologique, amène à
remettre en cause le concept d’individu. Ainsi, ce que nous appelons une vache
ou un homme n’est qu’un conglomérat de plus de 300 espèces différentes ! » Cela
rejoint ce que disait Gandhi : « L’une des lois de la Nature est l’attraction
universelle. C’est l’amour mutuel qui lui permet de vivre et de persister. Ce ne
sont pas les forces de destruction qui font vivre l’homme. »
100% d’un homme…
Je pense que vous êtes au courant : nous n’utilisons que 10% des capacités de
notre cerveau. Et bien cette affirmation est fausse ! L’imagerie médicale
démontre que nous utilisons au cours d’une journée quasiment tous nos neurones
et toutes les parties de notre cerveau. De fait, n’importe quel dommage ou
maladie subis par le cerveau est rarement sans conséquence et une perte de 10 à
20% de ses neurones suffit à avoir des conséquences dramatiques. D’où vient
alors cette conception surnaturelle des pouvoirs cachés de l’homme ? C’est
William James, le célèbre psychologue américain, qui énuméra cette théorie. Elle
fut ensuite reprise par la plupart des manuels de développements personnels,
ainsi que nombre de sectes, gourous et même par Einstein : notre cerveau tourne
à bas régime et nous avons en nous des capacités prodigieuses de développement.
Nous pourrions être intellectuellement dix fois plus que ce que nous sommes !
Pourquoi dix fois ? Pourquoi pas vingt ou trente fois ? Imaginez si vous pouviez
augmenter la puissance de votre cerveau par deux ! Ne serait-ce pas déjà
fantastique ? Scientifiquement parlant, ces chiffres sont évidemment
fantaisistes, de même que l’affirmation que l’homme possède un pouvoir illimité.
Un certain nombre d’ouvrages abusent des superlatifs et promettent des
techniques censées nous transformer en géant. Voilà qui n’est pas très naturel…
ou très sage. Un cerveau humain produit déjà quelques 50.000 pensées par jour.
Serait-il raisonnable d’augmenter encore ce débit ?
[...]
Il est tentant de croire que la lecture d’un livre suffira à transformer, de
penser que des techniques suffiront à rendre heureux. C’est le rêve de tout
homme que d’être davantage. Mais cette idée que nous ne sommes pas assez est à
la base de complexes et de mal-être. Si je n’utilise que 10% de mon cerveau, que
suis-je sinon 10% d’un homme ? Et si les techniques ne se révèlent pas efficaces
avec moi, cela ne signifie-t-il pas que je suis un incapable ou un bon à rien ?
La figure du surhomme plane au dessus de nos têtes. Elle nous donne peut-être
une perspective mais elle nous fait surtout de l’ombre : « Oh que ne puis-je
être aussi grand ? » Frustrations de se croire potentiellement surpuissant mais
de ne se trouver, en face du miroir, que finalement très ordinaire. Sentiments
d’injustice, de honte et donc finalement de mal-être : dans un monde qui honnit
l’erreur, demande la perfection et place les hommes en compétition permanente,
les frustrations et le stress ne peuvent que se généraliser… Il serait peut-être
plus sain de se dire, avec Colette : « J’ai une mémoire merveilleuse : j’oublie
tout »…
Il n’existe pas de clé pour ouvrir les portes secrètes de son cerveau et accéder
d’un coup à des ressources supplémentaires. Il n’y a pas de « plus ». Il n’y a
pas de surhommes, de mutants ou de X-men. Il n’y a que des hommes et des femmes
qui travaillent, commettent des erreurs, les dépassent et finalement réussissent
leur vie selon leurs propres critères. La croissance est un long processus, basé
sur la connaissance de soi, qui nécessite avant tout de la motivation et de la
transpiration. « Le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de
quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration » a dit Thomas Edison. On ne
devient pas surhomme mais plus ou moins sage. On ne possède pas plus de matière
grise mais on exploite mieux ses capacités. Ce processus est à la portée de
chacun d’entre nous car nous possédons déjà en nous toutes les ressources dont
nous avons besoin.
[...]
Dans quelles circonstances arrivez-vous le plus facilement à dormir : quand vous
vous ordonnez de dormir ou lorsque le vide se fait dans votre esprit ? Quand
arrivez-vous le plus facilement à vous rappeler un nom qui vous échappe : quand
vous cherchez ou lorsque vous pensez à autre chose ? A quel moment êtes-vous le
plus créatif ? Quand vous vous abreuvez de dossiers ou dans votre sommeil ? «
Les artistes, les scientifiques, les inventeurs et les mathématiciens font
souvent leurs découvertes les plus innovatrices dans les moments où ils ne se
concentrent pas directement sur le problème en question mais se détendent et lui
donnent l’espace d’être » rappelle John Welwood.
Il n’est pas besoin de multiplier les exemples pour démontrer que la
mobilisation active de ses neurones n’est pas toujours le meilleur moyen
d’accéder à son esprit. S’il n’est pas possible d’être plus, il n’y a pas non
plus de nécessité de faire toujours plus ou de penser à toujours plus: ralentir
son rythme et prendre du repos sont parfois les meilleurs stratégies pour
analyser correctement un problème et arriver à des solutions satisfaisantes. Il
est erroné de croire qu’il ne se passe rien lorsque nous ne faisons rien : il se
passe beaucoup de choses au contraire, au niveau du corps, de l’esprit, des
idées et de la qualité de vie !
[...]
Un homme est bon, unique et précieux
Chaque homme est semblable aux autres hommes. Il est semblable dans le sens où
il partage avec eux le même patrimoine génétique. Si nous partageons près de 99%
des gènes de nos cousins les chimpanzés, nous sommes bien obligés d’admettre que
les hommes sont frères et proviennent d’une même famille. Les quelques
différences génétiques qui peuvent survenir ne sont pas significatives pour nous
permettre une classification en races ou en sous-espèces. La nature de l’homme
est la même pour tous.
« Homo sum… je suis homme, rien de ce qui est humain ne m’est étranger » disait
le poète Térence, il y a deux mille ans. « Ce que peut l’un de nous, les autres
le peuvent » disait Gandhi. Les bouddhistes le rappèlent également : nous
possédons tous la nature du Bouddha ou, pour le dire différemment, Bouddha
n’était pas plus homme que chacun d’entre nous ! Nous pouvons tous accéder à la
sagesse suprême en travaillant sur notre esprit.
[...]
Le « je d’ego »…
D’un autre côté, nous devons bien admettre que chaque homme est différent. Nos
différences physiques, intellectuelles et psychologiques sont les manifestations
de cette singularité ; nos problèmes et nos maladies sont les signes de cette
singularité ; notre ego et notre personnalité caractérisent cette singularité.
Selon les bouddhistes, c’est de cet ego surdimensionné que provient notre
mal-être. Car l’ego créé l’égoïsme tandis que personnalité vient du latin
persona qui signifie «masque» : nous jouons souvent au jeu de la vie au mépris
de notre nature et nous bâtissons des forteresses mentales sur les marécages de
l’illusion.
De multiples stratégies sont possibles avec le jeu (ou « je ») d’ego mais la
plus profitable à mon sens, du point de vue du bien-être en tout cas, se résume
en deux points :
1. Se considérer soi-même comme semblable aux autres
2. Considérer les autres comme des êtres uniques et donc infiniment précieux :
ce qui est rare est cher et ce qui est unique est hors de prix…
Imaginons que le corps humain soit une boite en carton. Toutes les boites sont
carrées, ont la même structure et obéissent aux mêmes lois de la physique. Leurs
couleurs et leurs tailles peuvent être différentes et certaines seront écornées
ou déchirées mais toutes les boites offrent le même potentiel et la même
fonction : accueillir, ranger et protéger les ingrédients de l’existence.
Certains de ces ingrédients sont positifs, d’autres négatifs. Lorsque le contenu
de la boite est intéressant, la boite est offerte avec un beau papier cadeau et
d’un joli ruban. Dans le cas contraire, la boite est laissée à la poussière, au
grenier ou à la cave.
Admettons maintenant que la boite soit dotée d’une conscience. En se regardant
dans le miroir, certaines boites se trouveront belles. D’autres se sentiront
laides. Certaines, orgueilleuses, chercheront à se parer du plus beau papier
cadeau et s’en iront ensuite parader, presque vides, devant les autres boites.
D’autres, timides, n’auront pas conscience des richesses qu’elles transportent
ou seraient capables d’accueillir. Certaines boites refuseront l’idée de
s’abîmer avec le temps et chercheront une seconde jeunesse à coup d’amidon ou
d’agrafes. Le responsable de la communication chez les boites les exhortera à
devenir plus attrayantes. Le responsable de l’économie les incitera à entasser
toujours plus de choses. Les boites intrigantes leurs promettront des rubans
pour tous s’ils les élisent chefs des boites. Ainsi, les boites seront parfois
frustrées, malheureuses ou assistées.
Au fond de nous…
A la base, toutes les boites ont toutefois un bon fond : elles possèdent toutes
la faculté de recevoir et le potentiel d’être offertes. Chaque boite est unique
et chacune peut contenir un trésor. Ce trésor pourra venir par hasard mais les
boites auront tout intérêt à se mettre à proximité des pierres précieuses. Peu
de boites arrivent malheureusement à faire le tri de ce qu’elles reçoivent et
beaucoup pensent qu’elles n’ont pas le choix. Elles se retrouvent ainsi
fréquemment remplies de choses inutiles ou dangereuses. Déçues par ce qu’elles
ont reçues précédemment, les boites les plus pessimistes préfèrent même fermer
leur couvercle…
Certaines boites ont un fond en très mauvais état. Elles n’ont pas su prendre
soin d’elles-mêmes ou bien ont été victimes des intempéries. Ce type de boite
passe généralement son temps de réflexion à compter ses trous ou à se morfondre
de ne pas être aussi solide que les boites les plus endurcies. Certaines boites
se proposent alors de rechercher avec elles la raison de leurs trous.
[...] Pendant que des boites s’interrogent ainsi sur le vide, d’autres auront
depuis longtemps bouchés ou recouverts leurs trous…
Beaucoup de boites ont aussi oublié leur nature et leur finalité. Beaucoup ont
perdu de vue que l’important n’est pas leur aspect extérieur ou les trous du
passé mais ce qu’elles contiennent ou pourront contenir. La plus grande joie
d’une boite n’est pas d’être belle ou hermétique mais d’être ouverte sur le
monde et sur la vie. Ouverte pour accueillir mais aussi pour donner. La plus
grande récompense d’une boite est le sourire d’un enfant lorsqu’il découvre son
cadeau…
[...]
Les sens du bien-être
Le bien-être est parfois perçu comme une jouissance superficielle. C’est se
tromper de bien-être ou, plus exactement, ne pas saisir toute la portée du
bien-être. Car le bien-être ne se limite pas aux seules dimensions du plaisir et
de la satisfaction : apprécier ou se réjouir individuellement d’une circonstance
agréable. Certes, si nous devons vivre, autant que ce soit le plus agréablement
possible : la condamnation du plaisir ne vaut que vis-à-vis d’un plaisir qui se
ferait au détriment des autres ou de sa santé. Mais la prudence reste de mise
car le bien-être plaisir est trop volatile pour justifier un quelconque
attachement : il s’envolera en même temps que la circonstance.
[...]
La vie pourrait ainsi être constituée de milliers de petits bien-être fugaces :
je rentre chez moi et je me sens bien, je bois un verre d’eau fraîche et je me
sens bien, je m’assois et je me sens bien,… Nous avons vu dans le chapitre
précédent comment multiplier ces pointillés. Nous allons voir maintenant, non
pas comment en faire une ligne droite puisque le bien-être ne saurait être
constant sans finir prisonnier et s’affadir, mais comment lui rajouter du poids
ou une troisième dimension afin de lui donner un peu plus de constance et de
stabilité…
Le bien-être requiert du poids, du caractère et une dynamique : il s’ennuie de
la futilité, de la routine et de la vulgarité. Le bien-être est dans la tête
mais aussi dans l’action : il se compose et s’enrichit des éléments rencontrés
sur le chemin. C’est au contact de la misère, de la maladie et de la mort que le
Prince Siddharta Gautama choisit la voie du Bouddha ! Je sors donc joyeux et
optimiste, à la rencontre de la vie et de ses naturelles imperfections…
Sur le chemin du bien-être…
Sortir, mais pour aller où ? Chacun est évidemment libre de sa vie et de ses
choix et ce ne sont pas les intersections qui manquent... Dans une optique de
bien-être solide, je crois toutefois pouvoir affirmer (et je ne suis pas le
seul) que le bien-être apprécie les chemins qui montent vers les autres.
Pourquoi choisir la montée plutôt que la descente ? Après tout, ne
considérons-nous pas souvent que les malheureux se trouvent dans une situation
inférieure à la nôtre et qu’il convient de se baisser pour les aider, comme nous
nous baissons pour donner la piécette ? Mais je n’aime pas me courber (mon dos
!) et je ne crois pas que devenir plus petit ou malheureux rende service sur le
long terme. Un professeur qui adapterait son enseignement au plus mauvais élève
(ou un système qui, par démagogie, promettrait des études supérieures à tous)
pénaliserait toute la classe, y compris l’élève en difficulté qui n’aurait plus
alors devant lui de vision de progrès et d’effort. Niveler par le bas n’a jamais
rien créé sinon de la bassesse !
Pourquoi pas alors « descendre vers les autres afin de leur faire la courte
échelle » ? C’est effectivement le cas de toutes les personnes qui travaillent
au contact des pauvres. Mère Teresa en était la figure emblématique. Il s’agit
là d’un comportement admirable : sacrifier son confort pour aider les autres à
acquérir plus de confort... Mourir sur la croix pour sauver l’humanité… Se
dévouer dans les tâches ingrates pour éviter aux autres d’avoir à les faire… Le
masochisme serait-il le lot commun des Saints et des Martyrs ? Non car, comme
nous le verrons, tout ce qui est tourné vers l’autre revient vers soi en
proportion. Plus je fais le bien et plus je me sens bien !
Lors de ma retraite de méditation en Thaïlande, les choses avaient le mérite
d’être clair : les professeurs rappelaient que les tâches les plus
contraignantes et les moins agréables (nettoyer les toilettes par exemple)
étaient les plus méritantes et donc les plus intéressantes du point de vue du
karma. C’est aussi la constatation cynique de Laclos dans ses Liaisons
Dangereuses, lorsqu’il fait dire au Vicomte de Valmont : « J’ai été étonné du
plaisir qu’on éprouve en faisant le bien; et je serais tenté de croire que ce
que nous appelons les gens vertueux, n’ont pas tant de mérite qu’on se plaît à
nous le dire »… Sans doute pas « tant de mérite » mais du mérite et du courage
quand même ! Après tout, les Mères Térésa ne courent pas les rues…
[...]
Gardons donc à l’esprit la règle naturelle suivante : même s’il convient de
garder les pieds sur terre, nous nous élevons généralement en aidant les autres.
L’idée du chemin qui monte prend alors du sens. Il serait aussi possible de
considérer qu’il convient de s’élever à la hauteur des problèmes et des
sentiments des malheureux. Ce n’est pas rien que d’être en peine !
« Nul ne s’est jamais perdu dans le droit chemin » déclarait Goethe. Plutôt que
de pente, pourquoi ne pas en effet parler de rectitude ? Simplement parce que
rares sont ceux qui disposent d’une règle pour tracer une ligne et que les
détours et les tournants seront nécessairement légions. La droite n’est de toute
manière pas une figure géométrique de la nature, qui lui préfère la courbe des
vagues et la flexibilité du roseau. La droite serait plutôt la figure
emblématique de la civilisation et des artifices humains : les bâtiments, les
poteaux, les autoroutes ou les canons des fusils…
[...]
Mais qu’importe finalement la forme ou la figure ! Plutôt que de direction ou de
chemin, ne vaudrait-il pas mieux parler de sens : dans quel sens notre vie
tourne-t-elle ?
[...]
Voilà, les gros mots sont lâchés ! Il n’était pas possible de retarder plus
longtemps l’évidence. Que cela nous plaise ou non, la notion de bien figure
belle et bien dans le bien-être: se sentir bien, c’est aussi se sentir bon !
C’est une simple question de logique, d’amour propre et d’hygiène. Mais
rassurez-vous : je n’ai pas la prétention de placer ici une morale et je
laisserai le mal à sa place. Je n’ai pas non plus l’ambition de transformer cet
ouvrage en un traité de vertus : des philosophes l’ont fait mieux que moi et ce
n’est de toute façon pas le sujet.
Dans l’analyse du bien-être qui est la nôtre, je me bornerai donc simplement à
suggérer les trois sens qui me paraissent les plus aptes à le renforcer et à le
faire durer. Il s’agit de trois bon sens pleins de bon sens : le sens de
l’utilité, de la générosité et de l’amour...
Un autre extrait se trouve dans la partie consommACTION
Les mythes de la
performance
Eau, Tao, Mendiant, Contes à rebours, Contentement
personnel, Mieux-être...