Les lectures du Mendiant contre le système: Europe Inc.
Europe Inc. Comment les multinationales construisent l’Europe
et l’économie. Les lobbies industriels et leur influence sur la technocratie
européenne. Retrouvez les meilleurs extraits commentés par le
Mendiant...
Benoît Saint Girons
L e s l e c t u r e s
d u M e n d i a n t
Europe Inc.
Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie mondiale
► Belén Balanya, Ann Doherty, Olivier Hoedeman, Adam Ma’anit, Erik Wesselius
Observatoire de l’Europe Industrielle (CEO) www.corporateeurope.org
Agone, 2005
Un travail de recherche de titan sur un sujet tabou par excellence avec, au
final, une énorme désillusion : l’administration européenne ne travaille pas que
pour l’intérêt général des peuples européens ! On s’en doutait quelque peu mais
on n’imaginait pas à quel point l’influence des industriels avait été
prédominante dans toutes les phases de la construction européenne des quinze
dernières années, de l’élargissement des pays membres aux déréglementations en
passant par les projets d’infrastructures… A quel point l’Union Européenne était
malade d’un déficit de démocratie…
Certes, on ne peut empêcher aux industriels de défendre leurs intérêts… Mais
lorsque ces intérêts se révèlent être aussi peu compatibles avec la santé
publique, l’environnement ou l’emploi, on se demande ce que peut bien faire
l’administration bruxelloise dans cette galère. Des magouilles ? Du copinage ?
Une simple démonstration d’incompétence ?
Non, la réponse est plus simple: de l’économie ! Bruxelles a fait sienne, contre
l’avis des peuples, la logique néo-libérale : hors du business et des
multinationales, point de salut ! Ce qui est bon pour les grosses boites (les
PME restent, comme d’habitude, largement sous représentées) sera à terme bon
pour tous et tant pis pour les anicroches du court terme ! On ne fait pas
d’omelette sans casser des œufs ! Malheureusement, comme il fallait s’y
attendre, l’omelette s’est révélée de piètre qualité : des poules élevées en
batteries ne peuvent pondre des œufs Bio ! Les biotechnologies ne font pas de
miracle et la puanteur des élevages coupe de toute façon l’appétit…
Toutes les démonstrations des auteurs du livre, membres militants de
l’Observatoire de l’Europe industrielle (CEO) basé à Amsterdam, n’aboutissent
heureusement pas à démontrer la faillite morale complète des institutions (même
si les auteurs rappellent en annexe – ils auraient pu commencer par ça – que
l’ensemble de l’exécutif européen dû déjà démissionner en 1999 pour cause de
fraude, népotisme et mauvaise gestion) : le bon sens résiste parfois au profit,
les technocrates arrivent encore à fixer des limites à l’indécence, les citoyens
se rebellent et les ONG, échaudées, veillent au grain.
Reste que la liste de tous les organismes auxquels ont recours les industriels
pour faire passer leurs messages nauséabonds est bien long et, qu’à la longue,
devant autant d’acronymes aux noms aussi barbares que trompeurs, on frise la
nausée… Trop, c’est trop ! C’est donc avec soulagement que l’on termine le
livre, non sans avoir savouré en annexe, au passage, un petit listing des
principaux méfaits des principales multinationales, invitation pour le lecteur-consommACTEUR
à continuer les recherches… à poursuivre le combat !
Préface de Raoul Marc Jennar :
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu, p15) A leur entrée en
fonction, les membres de la Commission européenne prêtent le serment de
promouvoir l’intérêt général et de n’accepter ni de solliciter d’instructions de
la part d’aucun gouvernement, institution ni organisme. Ce serment n’a pas
empêché Pascal Lémy, commissaire au Commerce de la Commission Prodi, de déclarer
à Berlin, le 29 octobre 1999, devant les membres du lobby qui réunit les patrons
les plus importants des deux rives de l’Atlantique, le Dialogue sur le commerce
transatlantique [TABD] : « Nous ferons ce que nous avons à faire d’autant plus
facilement que, de votre côté, vous nous indiquerez vos priorités » (p16)
Commentaires du Mendiant : comme le rappelle une annexe de cet admirable livre,
un rapport affirmait en 1999 qu’il devenait « difficile de trouver (au sein de
la Commission) un individu possédant le moindre sens des responsabilités ». Et
le sens des affaires ?
I. L’Europe des grandes firmes :
En fait, on peut dire que les lobbies industriels agissent en lieu et place de
la base citoyenne dont la Commission est dépourvue (p31) Aujourd’hui, on estime
à 3 000 le nombre de personnes qui font pression sur le Parlement, presque
toutes directement employées par l’industrie (p33)
Commentaires du Mendiant : 18 000 lobbyistes font aussi en permanence le siège
de la Commission européenne de Bruxelles...
II. Travaux de fondation :
Avec l’aide d’agences de relations publiques, des compagnies énergétiques
allemandes ont déjà monté de toutes pièces des groupes d’activistes bidons qui «
militent » contre la construction d’éoliennes (p47)
Commentaires du Mendiant : Qu’est-ce donc de nos jour qu’un expert ? Est-ce
quelqu’un qui sait, quelqu’un qui croit savoir et qui le communique efficacement
(le cas existe aussi d’experts qui savent mais qui communiquent sciemment le
contraire !) ou quelqu’un de fort bien payé pour distiller un savoir spécifique
? Tous les experts ne sont évidemment pas corrompus (notamment parce que tout
sujet d’étude n’est pas forcément rentable), mais tous les lobbyistes essayent
de se faire passer pour des experts ou font appel à leurs services...
III. Rédaction du script : la Table ronde des industriels [ERT]:
Elle pousse sans relâche à un « changement de management de l’Europe » : « […]
une Europe qui fonctionne comme système économique intégré avec un centre unique
de décisions. » Au cours des 15 dernières années, la Table ronde a, logiquement,
soutenu le renforcement de l’Union en approuvant, par exemple, la suppression
des droits de veto nationaux et autres causes de « fragmentation » (p59) Delors
admit lui aussi, lors d’un entretien télévisé en 1993, la « pression continuelle
» de l’ERT, qui se vantait d’être « l’une des principales forces décisionnelles
derrière le Marché unique » (p62) Après l’effondrement des régimes communistes
d’Europe centrale et orientale, la Table ronde a encouragé l’intégration à
marche forcée dans l’UE de ces économies nouvellement tournées vers le marché.
Le gisement de main d’œuvre hautement qualifié et à bas salaire et les 150
millions de consommateurs susceptibles d’intégrer le marché unique ont tout de
suite fait rêver les membres de l’ERT (p73) En Hongrie par exemple, les
entreprises transnationales pèsent jusqu’à 30% du PIB […] Ces firmes ce sont
tout simplement partagé le marché des cosmétiques […] provoquant la fermeture
des entreprises locales […] Dans de nombreux cas, il s’avère que les
multinationales sont plus polluantes et appliquent des normes de production
moins exigeantes qu’à l’Ouest (p75) Les maux engendrés par l’élargissement ne
sont en aucun cas, comme l’expliquait Keith Richardson, le souci premier de l’ERT
: « Notre travail consiste à dire que les gains probables ont beaucoup plus
d’importance… Notre rôle n’est pas de faire des discours sur l’unité politique
de l’Europe. » (p77) L’ERT a toujours insisté sur la nécessité de confier
l’éducation aux bons soins de l’industrie plutôt qu’à des gens « qui, selon
toute évidence, n’ont aucun dialogue avec l’industrie, ne la comprennent pas et
ne comprennent pas non plus la voie du progrès » (p79) La centralisation de la
production et de la distribution catalysées par le Marché unique ont permis aux
multinationales de diminuer les coûts en réduisant considérablement leur
main-d’œuvre (p80) La compétitivité industrielle est devenue de facto le
principal but des politiques européennes (p86) L’Européen dont rêve l’ERT « doit
avoir l’esprit d’entreprise aussi bien en tant que travailleur que citoyen. »
(p88) « Le marché mondial sera notre seul juge » (p90)
Commentaires du Mendiant : Où l’on aperçoit que la misère est le fond de
commerce des industriels et les disparités économiques une source de profits :
en attendant que les miséreux aient de quoi consommer, ils travailleront à
moindre coûts… pour les actionnaires occidentaux !
IV. L’UNICE, une machine de pression bien huilée:
L’Union des confédérations industrielles et patronales européennes se plaignit
bruyamment de la mise en place de nouvelles réglementations concernant
l’environnement ou la santé qui pourraient porter atteinte à la compétitivité
industrielle (p97) Un « monstre absolu », c’est ainsi qu’un lobbyiste écologique
basé à Bruxelles qualifie l’UNICE : « […] Ils prennent des positions
épouvantables par rapport à l’emballage, l’incinération ou le recyclage et
affirment considérer les technologies non polluantes comme une plaisanterie. Ils
bataillent vigoureusement en faveur d’accords volontaires de sorte que les
politiques écologiques ne puissent être, en fin de compte, déterminées que par
l’industrie. » (p102)
Commentaires du Mendiant : Il faut croire que des personnes en bonne santé dans
un air sain ne sont pas d’aussi bon consommateurs… de médicaments… La peur, les
complexes et la maladie sont des marchés de choix !
V. L’AMCHAM au diapason des chœurs industriels de Bruxelles:
Le comité européen des Chambres américaines de commerce exhorta cyniquement
l’Union à « se défaire de son sens rigide de la nomenclature » et à reclasser
l’incinération parmi les procédés écologiques (p109) Selon Russell, l’AMCHAM
demande continuellement « une augmentation des pouvoirs de Bruxelles – avec
probablement plus d’insistance encore que l’industrie européenne, qui reste
dépendante des intérêts spécifiques de certains Etats membres » (p110)
Commentaires du Mendiant : Les Américains s’y connaissent en matière de
démocratie…
VI. L’AUME : la brosse à reluire de l’Union européenne:
La politique monétaire étant désormais du ressort de la Banque centrale
européenne, les gouvernements des Etats membres perdent un des instruments
politiques les plus cruciaux dont ils disposaient jusqu’alors pour réagir aux
crises économiques (p122) Selon une estimation modérée, on pouvait prévoir , dès
1998, que la fusion-mania européenne résultant de la monnaie unique , mettrait
au chômage, dans son sillage, un vingtième des employés de l’industrie. (p123)
La possibilité de travailler sur l’ensemble de l’Europe donne aux grandes firmes
un énorme avantage sur les entreprises de moindre envergure produisant sur les
marchés locaux […] Cette tendance n’entraîne pas uniquement des pertes d’emplois
mais également une augmentation écologiquement dangereuse du transport des
produits sur de longues distances. (p124) Les analystes économiques comparent à
juste titre la monnaie unique à un « cheval de Troie » : une façon sournoise
d’introduire de spectaculaires changements structurels porteurs de dangereuses
conséquences sociales […] (p126)
Commentaires du Mendiant : Le mandat unique de la BCE de lutter contre
l’inflation est une erreur que les peuples européens n’ont pas finit de payer,
notamment en payant tout plus cher !
VII. Les lobbies et les traités : le cas d’Amsterdam:
« L’UNICE est formellement opposée à l’introduction dans le traité de la Charte
sociale ou de tout autre ensemble de droits sociaux fondamentaux ainsi qu’à
l’idée selon laquelle l’Union devrait accepter la Convention européenne sur les
Droits de l’homme et les libertés fondamentales. » (Unice, 15 mars 1996, p 137)
Commentaires du Mendiant : L’Union des confédérations industrielles et
patronales européennes ose écrire qu’elle préfère des moutons?
VIII. De l’huile dans les rouages : l’infrastructure européenne des transports:
Avec un budget total estimé à 400 milliards d’euros pour sa première phase, le
réseau transeuropéen [TEN] est le plus important programme d’infrastructures de
transport de l’histoire mondiale. (p149) Entre 1985 et 1995, la quantité de gaz
carbonique générée par le transport routier a augmenté d’un tiers. Les ONG
écologistes prévoyaient que la réalisation du TEN entraînerait la destruction de
plus de 60 sites naturels de première importance en Europe. (p150) En réduction
sur les 30% de 1970, seuls 14% du fret était transporté en 1999 par voie
ferroviaire en Europe (p167)
Commentaires du Mendiant : Il est tout de même formidable que les citoyens
européens financent ainsi les outils de la délocalisation…
IX. L’Europe gavée par le lobby biotechnologique:
Dans la hiérarchie européenne, c’est la Commission qui a le dernier mot
lorsqu’il s’agit d’approuver la mise en circulation de tels produits dans le
Marché unique. Dans le cas du maïs [censuré], une écrasante majorité des
gouvernements européens avait refusé de lui accorder le feu vert. La Commission
décida, quoi qu’il en soit, d’en autoriser la commercialisation, forçant ainsi
tous les pays membres à accepter cet aliment controversé. (p176) Cette
réglementation permet le brevetage de gènes, de cellules, de plantes, d’animaux,
d’organes humains et d’embryons génétiquement modifiés ou clonés. Pour quelle
raison le Parlement, seul organisme européen directement élu, vota-t-il contre
l’avis de la majorité des Européens ? (p181) Sans apporter aucune preuve
consistante, le rapport proclamait que la biotechnologie générerait trois
millions d’emplois avant 2005 (p182) La firme a également très efficacement
manipulé et instrumentalisé les groupements d’intérêts de malades […] (p184)
Tous s’insurgent contre le fait que cette législation assurera le monopole des
industriels sur la vie elle-même […] et condamnent les « bio-prospecteurs » qui
extorquent aux populations indigènes leur savoir collectif en brevetant leurs
plantes médicinales ou même leur propre matériel génétique. (p187)
Commentaires du Mendiant : Les industriels ont certes obtenu leur absurde
réglementation mais comme les citoyens demeurent opposés à la génétique (sauf
lors du Téléthon annuel), cela ne leur sert pour le moment pas à grand chose… La
méconnaissance (et le non respect) de la nature par les industriels sera une
autre cause d’échec : une plante ne soigne pas avec une molécule unique,
fût-elle brevetée !
X. La mondialisation régie par l’industrie:
Le palmarès écologique et social de l’OMC est plutôt catastrophique : les
grandes firmes ont été les bénéficiaires satisfaites des traités qu’on y a
signés alors que, à travers le monde, les populations locales et la petite
paysannerie ont eu à en souffrir. (p200) La crise financière des dernières année
de la décennie 1990 a démontré l’alarmante instabilité d’une économie mondiale
déréglementée […] En juin 1999, la Banque mondiale estimait que près de 200
millions de personnes avaient été plongées dans une « indigne pauvreté » suite
au krach financier. Faisant passer de ce fait le nombre total de personnes
vivant dans la pauvreté à plus de 1,5 milliard […] Il est clair que l’Europe
voulait éviter un débat sur les effets catastrophiques de la déréglementation
débridée, puisque son ambition est de renforcer ces politiques par le biais de
l’OMC. […] Sous sa forme actuelle, la mondialisation est responsable d’une
aggravation spectaculaire des inégalités à l’échelle planétaire (p202) Alors que
l’économie mondiale croît de 2 à 3% chaque année, les multinationales
connaissent, elles, de façon caractéristique, des taux de 8 à 10% (p204) Bien
que les multinationales se présentent comme des créatrices de richesse et
d’emplois, les chiffres le contredisent […] Entre 1993 et 1995, le chiffre
d’affaire global des cent plus importantes multinationales a augmenté de 25%.
Elles ont, dans le même temps, réduit de 4% leur main-d’œuvre globale de 5,6
millions d’employés – soit plus de 225 000 personnes sur le carreau. […] Ces
sous-traitants sont souvent adroitement mis en concurrence les uns avec les
autres […] (p206)
Commentaires du Mendiant : Il faut croire que la misère des autres est, pour les
puissants, une source de satisfaction (« Nous sommes plus intelligents que vous
») et de profits (« Vous vous laisserez plus facilement exploités ») Le krach
aura au moins eu le mérite d’aider des milliers de personnes à réaliser que la
spéculation n’était pas une manière judicieuse de gagner sa vie.
XI. La connexion transatlantique:
Les éco-labels étaient présentés par [censuré] comme le reflet « de valeurs
culturelles locales ou d’inquiétudes écologiques spécifiques [qui] constituent
une discrimination contre la concurrence internationale ». […] La présence sur
l’étiquette d’informations nutritionnelles et les lois « très restrictives » de
l’UE sur les additifs alimentaires font également partie des habitudes à
déréglementer.(p217)
Commentaires du Mendiant : De toute manière, la plupart des consommateurs ne
lisent pas les étiquettes et sont davantage attirées par les publicités que par
les informations nutritionnelles. Reste les éco-labels, label BIO en tête, qui
permettent effectivement de consommer sans crainte.
XII. L’AMIgalomanie : l’agenda mondial d’investissement industriel &
l’opposition des mouvements de citoyens:
L’AMI aurait exigé des pays signataires qu’ils ouvrent tous les secteurs de
leurs économies et donnent le droit aux multinationales de porter plainte contre
les politiques des gouvernements nationaux devant des groupes d’arbitrage non
transparents. En réalité, l’accord aurait subordonné les priorités nationales et
locales aux besoins et aux exigences des investisseurs internationaux. (p243)
Les ONG canadiennes et américaines, indignées de la façon dont l’OCDE avait
gardé secrètes les négociations, firent promptement figurer ce texte sur leurs
sites internet (p250) Les ONG avaient appliquées ce qui fut appelé la «
stratégie Dracula » : porter simplement à l’attention du public un traité qui ne
supporte pas la lumière du jour. (p252)
Commentaires du Mendiant : Un faux ami…
XIII. L’OMC rédige la constitution de l’économie mondiale:
Une très forte pression des Etats-Unis et de l’Europe forcent le plus souvent
les pays du Sud à accepte des offres contraires à leurs intérêts (p260) En 1995,
90% du bétail américain était traité aux hormones (p262) Alertée par un nombre
de plus en plus important d’indices laissant à penser que certaines hormones
naturelles et synthétiques sont liées à l’augmentation de cas de cancer, la
Commission décida de ne pas lever cette interdiction en dépit des directives de
l’OMC (p263) Devant le refus de l’Europe, l’OMC autorisa les Etats-Unis (et le
Canada) à prendre des sanctions qui se traduisirent par des droits de douane
portés à 100% sur 60 produits alimentaires européens, dont le Roquefort (p264)
On estime que 80% des brevets concernant les produits et les technologies dans
les pays du sud sont détenus par des multinationales (p270)
Commentaires du Mendiant : Preuve que l’Europe n’est pas encore entièrement
entre les serres des lobbies industriels. Mais où était le lobby des producteurs
de Roquefort ?
XIV. Débarquement sur Planète Inc.:
L’organisation industrielle la plus efficace – et la plus ambitieuse – est, sans
aucun doute, la Chambre internationale de commerce [CIC] (p289)
Commentaires du Mendiant : Cyniques Industries Chimiques (à moins que ce ne soit
Criminelles ?)
XV. Rencontres de l’élite mondiale : les rejetons du groupe Bilderberg:
Mais la vedette fut incontestablement tenue par le Pacte Global, initiative
proposée à Davos dès 1999 […] Ce pacte repose sur neuf principes de base,
relatifs au travail, à l’environnement et aux droits de l’homme […] L’intérêt
pour les entreprises est qu’il n’est prévu aucune mise en œuvre obligatoire,
aucune évaluation indépendante et aucune sanction. C’est un pacte inoffensif
mais d’une immense valeur symbolique pour les grandes entreprises préoccupées
par la montée de la suspicion des consommateurs à leur égard. (p300)
Commentaires du Mendiant : Les industriels sont toujours prêts à dépenser des
fortunes pour leur image de marque : cela s’appelle le marketing !
XVI. Détournement du développement durable par les lobbies industriels:
Le Conseil mondial des affaires pour le développement durable [WBCSD] accueille
certaines des compagnies les plus polluantes du monde et peut, depuis sa
création, être tenu pour partiellement responsable du quasi-immobilisme constaté
à l’échelle mondiale dans les domaines de l’environnement et du développement.
(p303) De nombreuses ONG dénoncèrent le « kidnapping » du Sommet de la Terre de
Rio de 1992 par les lobbies industriels. (p.304) Le Conseil mondial des affaires
pour le développement durable est donc spécialisé dans le « verdissement » de la
réputation de certaines des compagnies les plus agressives et nuisibles du
monde. (p310)
Commentaires du Mendiant : Du vert pour masquer les tâches ? Il faudra de
nombreuses couches…
XVII. Comment l’industrie profite des menaces de changements climatiques:
Les négociations internationales sur le climat ne sont plus que des accords
commerciaux autorisant les pays du Nord et les multinationales à polluer. (p319)
L’accord participe à faire des émissions un objet d’échange. […] L’échange de
quotas d’émission de gaz à effet de serre permet aux 39 gouvernements qui se
sont engagés à des réductions collectives d’émissions polluantes de se vendre ou
s’acheter des « autorisations de polluer » (p321) C’est une offensive mondiale
sans précédent des lobbies pétroliers, automobiles, miniers, chimiques et
nucléaires qui est à l’origine de l’adoption de solutions basées sur le marché
(p322) Responsable de 25% des émissions mondiales de gaz carbonique, les
Etats-Unis furent le quartier général d’où partirent les offensives les plus
agressives contre l’adoption de toutes mesures contraignantes (p323) Parmi
d’autres coups tordus, la Coalition a mené, à la fin des années 1990, une grande
campagne de désinformation de plusieurs millions de dollars afin de semer le
doute dans l’opinion publique grâce à de beaux rapports (quoique
scientifiquement douteux) diffusant des avertissements inquiétants sur
l’accroissement du chômage qui résulterait de la réduction des émissions […] La
Coalition a financé aussi des scientifiques « sceptiques » pour semer le doute
sur l’existence même de changements climatiques […] (p324)
Commentaires du Mendiant : Dans le même style de compromissions, la rédaction
des recommandations nutritionnelles officielles est aussi souvent confiée en
France à des chercheurs proches de l’industrie agro-alimentaire… Méfions-nous
des experts !
XVIII. Quand l’ONU drague l’industrie:
Selon des documents qui auraient dû rester confidentiels, le projet élaboré dans
le cadre du Programme des Nations unies pour le développement [PNUD] se
proposait, avant 2020, de « mettre fin à la pauvreté, de créer une croissance
économique durable et de permettre au secteur privé de prospérer grâce à
l’intégration à l’économie mondiale de deux milliards de personnes
supplémentaires » […] Pour 50 000 dollars, vingt transnationales bien connues –
notamment, pour plusieurs d’entres elles, en raison d’un comportement social et
écologique laissant gravement à désirer […] – participaient à la réflexion sur
le projet de Fonds mondial. (p347) Le PNUD se vantait du fait que ce projet
ferait bénéficier les multinationales « d’une reconnaissance mondiale pour leur
coopération avec l’ONU-PNUD » et qu’un logo « Fonds mondial pour le
développement durable » permettrait à l’industrie de mettre cette coopération en
valeur. (p348)
Commentaires du Mendiant : pourquoi un tel projet aurait-il dû rester
confidentiel ? L’ONU avait-il quelque chose à se reprocher ? Une trop grande
promiscuité avec les industriels, peut-être, ou bien sa transformation en agence
de publicité ? ONU = On nous utilise !
XIX. Alternatives économiques & politiques:
La complexité et l’opacité du dispositif institutionnel européen rendent
pratiquement aussi invisibles qu’incompréhensibles les stratégies de pressions :
qui fait pression sur qui ? sur quels problèmes et avec quels effets ? (p375)
Les règles du Parlement européen sont finalement beaucoup moins rigoureuses que
celles du Lobbying Disclosure Act américain, qui oblige les entreprises et les
lobbies à produire tous les six mois un rapport concernant leurs dépenses liées
aux activités de pression. (p378) Les politiciens sont esclaves de l’idée qu’il
n’existe pas de solution alternative à l’actuelle domination des multinationales
sur l’économie (p380) Les réglementations actuelles de l’Union européenne sont
souvent plus nuisibles que favorables aux objectifs sociaux et écologiques
(p381) Le pouvoir des consommateurs individuels ne devrait pas être sous estimé.
La consommation éthique […] représente un potentiel énorme, de même que les
boycotts qui forcent les compagnies à écouter les consommateurs. (p383) Et si
les citoyens du monde entier continuent de refuser l’agenda politique fixé par
l’industrie, sa puissante emprise sur le travail, les populations et nos vies
commencera à se fendiller. (p386)
Commentaires du Mendiant : Une autre proposition pour le Programme du Mendiant :
obliger les industriels à détailler leurs pressions politiques ? Tant qu’à
rêver, pourquoi ne pas révéler aussi les manipulations qu’ils font subir aux
consommateurs à coups de pub et de marketing ? Les citoyens du monde peuvent
être intéressés par la consommation éthique mais ils peuvent aussi être dégoûtés
de la malbouffe ou des biens de consommation par une information sur les
ingrédients ou composants chimiques utilisés et leurs effets nocifs sur la
santé… La carotte et le bâton…
De Seattle à Florence. Postface:
Les dirigeants de l’Union ont décidé d’accélérer la déréglementation dans le but
de créer un environnement favorable aux entreprises. […] Daniel Janssen parle à
ce sujet d’une « double révolution ». Selon lui, le principe de cette révolution
est, d’une part, de « réduire le pouvoir de l’Etat et du secteur public en
général par le biais des privatisations et de la déréglementation », d’autre
part, de « transférer l’essentiel des pouvoirs des Etats-nations à une structure
plus moderne au niveau européen dotée d’un état d’esprit international » (p394)
Commentaires du Mendiant : Et l’on s’étonne que les Français aient rejetés le
projet de Constitution… Si l’Europe était tournée vers les peuples plutôt que
vers le Business, elle rencontrerait plus d’enthousiasme !
Cette page n'a pas vocation à remplacer la lecture du livre mais au contraire à
en encourager la lecture et la diffusion. Les passages (subjectivement) jugés
les plus représentatifs ont été retranscrits ici mais il y en a de multiples
autres! A vous de les découvrir...
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