L e  M e n d i a n t
e t  l e  M i l l i a r d a i r e

    

C'est l'histoire d'un Petit Livre Bleu...


Le Mendiant, c'est aussi l'histoire d'un livre dans le livre... Samuel se voit en effet remettre dans d'étranges circonstances un Petit Livre Bleu... et c'est grâce à ce livre qu'il rencontrera le Mendiant... En ce qui concerne Jean-Jacques, c'est un peu plus compliqué et il ne faudrait surtout pas révéler l'intrigue...  Qu'est-ce donc que ce Petit Livre Bleu ?  Comme le constate Samuel, il est pour commencer entouré de mystère. Sa première réaction lorsqu'il le découvre est également une déception: il est uniquement constitué de dix petits poèmes qui forment autant de Règles de Vie... Néanmoins, Samuel se rendra vite compte de leur importance et de ses incidences sur sa vie...  Mais tout cela, c'est à vous de le découvrir!
 


Règle de Vie Première


Liberté d’être généreux,
De partager, rendre heureux.

A l’étranger, d’offrir son cœur,
Aux indigents, de ses valeurs.

Cela le sage l’a transmis,
Il recevra, sera guéri.
 


La bibliothécaire ressortit de la pièce – Samuel insista pour qu’elle laisse cette fois la porte ouverte – et revint quelques instants plus tard avec un énorme classeur et un petit livre qu’elle posa avec délicatesse sur la table. Extérieurement, ce dernier ne payait pas de mine : un banal format de poche, une couverture bleue et une cinquantaine de pages. Pas de nom d’auteur, pas de titre, pas d’éditeur.

« Pas très commode pour organiser des séances de dédicaces » s’aventura Samuel. Elle ne releva pas la plaisanterie et commença par lui énoncer les règles. Elles étaient fort simples :

[...]

– Ne vous moquez pas de ces règles, je vous prie. Elles sont nécessaires pour le moment. J’espère pouvoir un jour distribuer ce livre au plus grand nombre mais ce serait aujourd’hui prématuré. Il faudra d’abord que de nombreux scandales éclatent. Nous y travaillons également…
– Qu’y a-t-il donc de si subversif dans ce livre ?
– De nombreuses idées : les nôtres et celles que vous apporterez.
– Il s’agit donc d’une sorte de philosophie ?
– De philosophie de la vie, oui ! Mais ne craignez rien : vous n’aurez aucune peine à le lire. Vous risquez même d’être déçu par la simplicité du texte. Mais ne soyez pas dupe et souvenez-vous de votre réaction tout à l’heure face à la puissance des mots. Il vous faudra creuser un peu afin d’accéder aux racines des idées. Il est par ailleurs très important que vous ne commenciez pas un nouveau chapitre sans avoir correctement assimilé et mis en pratique les préceptes du précédent.
– Pourquoi ?
– Pour ne pas rester un Lecteur toute votre vie ! Bon, avez-vous d’autres questions ?
– Seulement une petite centaine…
 


Règle de Vie Seconde


La liberté de se réjouir,
De peu de chose avec plaisir.

Sous l’apparence, bien creuser
Aider la lumière à percer.

Cela le sage l’a saisi :
La vraie beauté vient de l’esprit.
 


Qui en était l’auteur ? Ils l’ignoraient : le livre avait été trouvé il y a une dizaine d’années.
Qui en était l’éditeur ? C’est leur organisation qui l’imprimait et le distribuait.
A qui ? Aux personnes jugées aptes.
Selon quels critères ? Une certaine maturité d’esprit et une capacité d’ouverture aux autres.
Pourquoi lui ? Elle s’était fiée à son intuition et espérait ne pas s’être trompée.
Que risquait-elle ? Quelques tracasseries raisonnables.
Qui étaient-ils ? Des Acteurs.
D’où venaient-ils ? De l’état de Lecteur.
Tous les Lecteurs devenaient-ils Acteurs ? Jusqu’à présent oui.
Combien de temps cela prenait-il ? Le temps qu’il fallait.
Combien étaient-ils ? De plus en plus mais pas encore assez pour faire évoluer radicalement les choses…
Qui les dirigeait ? Leur propre conscience.
Qui les finançait ? L’auteur avait laissé une importante somme d’argent avec ses instructions.
Quelles instructions ? Changer le système et notre vision du monde…
 


Règle de Vie Troisième


La liberté d’être patient,
D’offrir un peu de calme au temps.

Mieux lâcher prise, laisser filer ;
Contrariétés, les accepter.

Cela le sage l'a promis,
Faire du temps un bon ami.
 


Au cours de la discussion, Samuel avait tenté d’examiner le livre. Elle l’avait stoppé net : « Pas ici, pas maintenant ! » Personne ne devait être présent lorsqu’il le consulterait. Cet ouvrage était à lui et exclusivement à lui. A l’avenir, il serait sans doute autorisé à diffuser le message mais, pour l’instant, il devait l’étudier et faire ses preuves.

Elle saisit alors le classeur, le feuilleta pendant quelques minutes avec une lenteur calculée, puis montra à Samuel la page le concernant. Un frisson le parcourut : ses coordonnées complètes y figuraient : ses nom, adresse, date de naissance et même une photocopie de sa carte d’identité. De toute évidence, les fichiers de la bibliothèque avaient bien servi. « Au cas où les choses déraperaient » se justifia-t-elle.

Que se passerait-il alors ? Il l’apprendrait bien assez tôt.
Et s’il refusait ? Il était trop tard, le processus était engagé. Ne l’avait-elle pas averti avant d’entrer ?
Et s’il les dénonçait ? Sur quel motif : parce qu’ils souhaitaient changer le système ? Mais personne ne le croirait ! Non, ce n’était vraiment pas son intérêt.
Quel était son intérêt ? Suivre les conseils du livre
Et pour aller où ? Vers la vie qu’il aura choisie
Et ensuite ? Comme tout le monde, vers la mort.
La mort ? Et bien oui la mort. N’était-il pas au courant que la vie était mortelle?
 


Règle de Vie Quatrième
- Exclusivité Internet -

 
La liberté de ne rien dire ;
Ecouter l’autre sans médire.
 
Paroles saines à semer ;
Mauvaises herbes à soigner.
 
Cela le sage l’a cueilli :
Belle moisson et bel épi.
 


Vous souhaitez découvrir les 6 autres règles,
ami lecteur ?

Jusqu'à présent, seuls les lecteurs coréens ont eu accès aux Règles de Vie dans leur intégralité,
le Petit Livre Bleu ayant été proposé avec la traduction du conte philosophique...

Aujourd'hui, le Petit Livre Bleu est disponible en format ebook Amazon,
enrichi des commentaires de Samuel et de Jean-Jacques.

Vous y découvrirez ainsi les premières réflexions du Milliardaire
dans sa nouvelle posture, dans son nouvel habit...

Mais chut!  Il ne faudrait pas à nouveau dévoiler l'intrigue du conte,
dont la lecture devrait rester prioritaire...


 

 

Voici par exemple les premières réflexions de Jean-Jacques:

Curieux bouquin et étranges règles. Vais jouer le jeu, ne serait-ce que pour passer le temps…

De toute évidence, peu de gens pratiquent cette première règle. N’ai touché que trois personnes en trois heures : 79 centimes et pas un regard. A peine ai-je eu le temps de les remercier de s’être débarrassés de leur monnaie. Est-ce cela ma valeur: 79 centimes en trois heures !?!  7 euros par semaine. 28 par mois. Si je ne vaux rien de plus, n’est-il pas logique que je sois à la rue ? 

Enfin quelqu’un d’intéressant, deux euros de plus et mon salaire mensuel qui grimpe à 98 euros!  Trois fois plus en une seule intervention !  Comme quoi, une personne peut faire toute la différence et une seule pièce redonner espoir… 

Pourquoi cette vieille dame s’est-elle approchée ?  Par pitié, intérêt, bonté ?  Elle m’a souhaité bon courage, m’a tendu une pièce et est partie. Quand je lui ai dit « merci d’exister », elle m’a répondu « Je n’en ai plus pour longtemps ». Que deviendront les mendiants, lorsque les généreux n’existeront plus ? 

Et moi alors ? Aurais-je autant de plaisir à donner qu’à recevoir ?  Ai commencé par donner des instructions: 10% de ce que je gagne sera désormais reversé à des œuvres caritatives. Mes financiers n’ont pas eu l’air de s’en offusquer.  J’ai même eu l’impression qu’ils étaient sensibles à l’idée. Je les ai peut-être mal jugés ces rapaces: eux aussi préfèrent sans doute donner un sens à leur travail…  

Un type m’a lancé un « va bosser fainéant ! » Je ne me suis pas donné le droit de répliquer. Pouvais-je lui dire que je travaillais, que c’était la première fois, même, que je travaillais ? Il n’aurait pas compris. Les malheureux ne peuvent comprendre la générosité… 

Une autre "confrontation" ce matin. J’étais à la gare, assis sur le quai, quand une dame est arrivée. Je l’avais déjà vu quelque part. Elle semblait très contente d’elle. Elle m’a donné un euro puis a déclaré tout de go : 

– Tiens, soyez gentil: montez-moi ma valise !
– Je suis mendiant, pas larbin, lui ai-je répondu en lui rendant sa pièce.
[1]

Je pensais que cela allait initier une conversation mais elle s’est contentée de partir en souriant. Du coup, je crois que j’ai eu tort. J’ai du la conforter dans ses préjugés : un mendiant est un fainéant !

Non, ce que j’aurais du faire, c’est jouer le jeu :

– Mais bien sûr Madame, à votre service, Madame, après-vous Madame…
– Passez plutôt devant (que je puisse surveiller mes affaires)
– Comme vous le souhaitez Madame. Quel est votre numéro de place ?
– Voyons voir… C’est en haut, une place isolée mais vous laisserez ma valise dans le couloir.
– Vous ne craignez pas qu’on vous la vole ? 
– Mais non voyons, nous sommes en première ! Et puis il faut faire confiance aux gens… Bon, vous pouvez la laisser là, merci beaucoup.
– Je vous en prie. Alors, nous disons donc : un euro pour la prise en charge plus un euro pour le transport et un autre pour l’assurance. Cela fait trois euros plus la TVA à 19.6% et les charges sociales que vous auriez dû payer si vous m’aviez correctement déclaré en tant qu’assistant en charge de vos effets personnels. Voilà, vous me devez encore 4 euros.
– Mais, mais, ce n’est pas ce qui était convenu, je vous ai déjà payé…
– Ecoutez Madame, mon métier, c’est Mendiant et un euro est effectivement mon tarif habituel pour un brun de générosité. Porteur de valise, je peux le faire aussi, mais c’est plus cher !
– Mais vous auriez pu me prévenir !
– Et vous auriez pu demander !  Un homme n’a pas de prix mais son travail a toujours une valeur et c’est à lui, jusqu’à preuve du contraire, de l’estimer. Vous autres employeurs pensez que nous allons accepter n’importe quoi parce que nous sommes désespérés mais je ne suis pas au chômage avec une famille à charge, moi ! Je suis Mendiant et donc libre ! Vous me devez quatre euros et estimez-vous heureuse que je ne vous dénonce pas pour travail au noir !

Voilà ce que j’aurais du dire si j’avais eu suffisamment d’expérience. Cela aurait un peu remué ses certitudes. J’aurais pour le coup vraiment fait preuve de générosité…

 

[1] [Note de l’Editeur] Dialogue véridique avec Madame Sophie de Menthon, présidente du syndicat patronal Ethic, relaté par cette dernière lors de l'émission Paris-Berlin sur Arte le 19 novembre 2009 et repris par le journal La Décroissance de décembre : « Il y avait un homme qui était très favorable à la décroissance puisqu'il était en train de mendier à la gare de Lyon l'autre jour et je lui dis - j'avais un euro, et donc je lui donne cet euro et je lui dis : "Tiens, soyez gentil: montez-moi ma valise" et, j'ai trouvé ça magnifique, il m'a dit, il m'a rendu mon euro et il m'a dit: "Je suis mendiant, pas larbin", et j'ai trouvé ça extraordinaire, car ça ne pouvait arriver qu'en France ! »

 

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