Bonus internet: au-delà du livre Les
sens du Tao
Découvrez ici, en bonus internet, les trois premières
phrases des chapitres 4, 5 et 6 du Daode Jing de Lao Zi. "Le Tao dissémine
sans jamais se remplir" nous parle d'un univers dynamique en constante
expansion. Le Tao, loin d'être vide, est une puissance créatrice illimitée.
"A Nature amorale, créatures chiens-de-paille" signifie que la nature est
indifférente aux passions humaines et ne peut donc être jugée selon les
critères occidental classiques du bien ou du mal. "L'esprit immortel de la
vallée évoque l'obscur féminin" signifie que le vide-créateur, souffle
inépuisable, est source de toute vie, d'où l'analogie avec la matrice
femelle, la Grande Mère... Autant de nouvelles perspectives après la lecture
du livre de référence Les Sens du Tao de Benoît Saint Girons.
Benoît Saint Girons
L e s S e n s d u T a o
Comprendre Lao Zi et vivre mieux
Bonus internet: au-delà du livre...
4‑1. Le Tao dissémine sans jamais se remplir
道 冲 而 用 之 或 不 盈
dào chōng ér yòng zhī huò bù yíng
Le sens de la phrase repose sur 冲 [chōng] qui signifie verser de l'eau
bouillante, rincer, tirer la chasse d'eau (flush), jeter violemment (dash),
se heurter, entrer en collision, passage (thoroughfare) ou place/endroit
important(e). D'où l'idée d'un bouillonnement, d'un flux d’activité ou
d'énergie entrant en collision, d'une sorte de soupe cosmique d'où tout
surgirait, comme le confirmera d'ailleurs 4-2.
Ainsi, 沖力 [chōnglì] est la force d'impulsion, l'élan ou le dynamisme. 沖散 [chōngsàn]
est la rupture, la dislocation, la dispersion, la dissémination tandis que
冲积 [chōngjī] est en géologie le phénomène d'alluvionnement.
用 [yòng] signifie utiliser, employer, dépenser, utilité, besoin, dépenses,
frais, ainsi ou toutefois. 或 [huò] signifie peut-être ou probablement. 盈 [yíng]
signifie être rempli, être plein de ou avoir un surplus de, d'où sans doute
les idées de vide ou de récipient. Toutefois, ne pas pouvoir être rempli à
raz bord ne signifie pas pour autant être vide...
Traductions :
Le Dao est vide, est un vide, est comme un bol vide, est comme un vase, que
l'usage ne remplit pas, que nul usage ne comble, qui, en dépit de son emploi
ne se remplit jamais, qui paraît inépuisable à l'usage.
Préférence « Le Principe foisonne et produit, mais sans se remplir. » (Léon
Wieger)
Originalité: « Le Tao est tel un puits: sans cesse utilisé mais jamais
tari.» (Stephen Mitchell)
► Le Tao est une puissance créatrice illimitée, le « processus infiniment
jaillissant de l'autocréation » (Anne Cheng, p.339). L'univers, en constante
expansion, ne peut naturellement se remplir.
Contresens ?
L'image du récipient statique ou du Tao vide apparaît comme un contre-sens
et il sera difficile d'expliquer par la suite comment le vide produit toute
chose. Conradin Von Lauer va jusqu'à dire que « Le Tao est le vide ». Il est
en fait moins question de vide que de profondeur ou d'espace illimité, de
puits sans fond selon la traduction de Stephen Mitchell. Cette dernière
version, tout comme les autres, à l'exception notable de celle du Père Léon
Wieger , rend toutefois mal compte du dynamisme créatif du Tao et de la
dissémination de sa création dans l'univers. Ainsi, il s'agit moins d'une
source qui se renouvellerait indéfiniment au fond d'un puits que de
l'impossibilité à remplir ce qui n'a pas de fond – ou de limites – qui
expulse sa production et est un important lieu de création mais aussi de
passage. Marcel Conche fait à juste titre le parallèle avec le « tonneau des
Danaïdes » mais reste sur l'idée du vide. Enfin, il est bien évident que le
Tao génère son flux indépendamment d'une volonté extérieure ou d'un usage ou
besoin "personnel".
Proposition: Le Tao dissémine sans jamais se remplir
Le Tao bouillonne, projette de la matière, de l'énergie sans que cette
matière créée ne puisse jamais le remplir, le combler ; sans que cet usage,
cette fonction ne puisse jamais s'épuiser.
► Le Tao est comme une sorte de trou noir inversé qui, au lieu d'attirer à
lui la matière, la projette indéfiniment dans l'univers dont il est lui-même
à l'origine, qui est en continuelle expansion et qui se confond avec lui.
Sans fond et sans limites, il ne peut évidemment être plein. « Ce qui domine
– profondeur infini, écoulement infini – est la pensée de l'infini » précise
Marcel Conche.
Vivre le Tao ?
1. A l'instar du Tao, ne pas se remplir de ses propres productions ou
créations intellectuelles, ne pas prendre la grosse tête ou laisser ses
chevilles trop enfler, Cf. 2-14.
2. Disséminer, multiplier les bienfaits mais sans rien attendre en retour !
On n'est jamais trop plein de générosité ou d'amour et cette fonction se
renforce et nous renforce à l'usage. Nos qualités émanent du plus profond de
notre être. Notre humanité ne s'use que si on ne s'en sert pas.
3. Nous sommes également sans fond dans notre capacité à produire des idées,
à innover, à réfléchir, à nous améliorer. « De quelque côté que l'âme aille
sur le chemin de connaissance, vers le dedans ou le dehors, le haut ou le
bas, elle ne rencontre pas de limite à sa capacité de faire la lumière. »
(Marcel Conche, Héraclite, p.360)
4. Tout comme la démocratie ou la liberté de la presse, le Tao ne
s'userait-il que lorsqu'on ne s'en sert pas, lorsqu'on oublie sa présence ?
CHAPITRE 4
L'ENERGIE DU TAO
Le Tao dissémine sans jamais se remplir.
Insondable ancêtre de toutes choses !
Il arrondit les angles,
Dissipe la confusion,
Harmonise la lumière,
Unifie la poussière.
Pure présence !
Je ne sais d'où il vient.
Il semble antérieur à l'Être suprême
5-1. A Nature amorale, créatures chiens-de-paille
天 地 不 仁, 以 万 物 为 刍 狗.
tiān dì bù rén, yǐ wàn wù wéi chú gǒu
仁 [rén] signifie bienveillance, bienveillant, bienfaisant, humanité,
sensible ou noyau. Le caractère est bâti autour du sentiment entre deux 二
personnes 人 dont on notera la même prononciation [rén]. Ce terme central est
difficilement traduisible. On pourrait parler d'une éthique des relations,
de tout ce qui doit être fait pour garantir l'harmonie entre les êtres. Anne
Cheng parle du « sens de l'humain » et y voit « l'homme qui ne devient
humain que dans sa relation à autrui », « ce qui constitue d'emblée l'homme
comme être moral dans le réseau de ses relations avec autrui. » Elle finit
par le traduire, par défaut, par « qualité humaine » ou « sens de
l'humain ». (p.68) A noter qu'il s'agit d'un terme clé dans les Entretiens
de Confucius, d'un « pôle vers lequel tendre à l'infini » que Lao zi remet
donc ici en question.
为 [wéi] Cf. 2-1. 刍狗 [chúgǒu] signifie chien-de-paille, objets rituels
confectionnés avec soins puis écrasés et brûlés. Ces chiens de paille (ou de
papier), tout comme les « tigres de papier » sont utilisés dans les rituels
taoïstes pour écarter les mauvais esprits (supposés découler alors des
constellations du Chien Céleste 天狗 [tiāngǒu] ou du Tigre Blanc 白虎 [báihǔ]),
lors de maladies, pour expier ses fautes ou dans un cadre préventif (nouveau
chantier, commerce, bonheur...).
Le Zhuangzi précise le soin apporté à ce rituel dans le chapitre XIV :
« Avant d'être exposés les chiens de paille sont mis dans des boîtes en
bambou et enveloppés de brocart ; le médium (shi) et l'invocateur (zhu)
observent un jeûne avant de les prendre. Mais une fois exposés, les passants
leur écrasent la tête et le dos, les coupeurs de foin les ramassent pour les
brûler, et c'est fini. Si quelqu'un devait les reprendre et les remettre
dans leur boîte, enveloppés dans du brocart, et séjourner ou dormir à
proximité, il aurait non seulement de mauvais rêves, mais encore deviendrait
probablement possédé [par eux] à chaque fois.» Une fois leur rôle joué, les
chiens-de-paille doivent en effet être brûlés et oubliés. (Kristofer
SCHIPPER, Chiens de paille et tigres en papier : une pratique rituelle et
ses gloses au cours de la tradition chinoise, In: Extrême-Orient,
Extrême-Occident. 1985, N°6, p.83-94.)
Traductions 1:
Le Ciel et la Terre ne sont pas des êtres humains, sont sans sentiments
humains, sans affections particulières, indifférents aux passions humaines.
Ils regardent les dix mille êtres, les vivants, toutes les créatures, comme
chien-de-paille.
Préférence: « A Ciel-et-Terre point d'affections. Tout lui est
chien-de-paille. » (François Huang et Pierre Leyris)► Les lois de l'univers
et de la nature sont amorales – c'est-à-dire qu'elles s'établissent en
dehors de tout concept de morale - et donc sans sentiments vis-à-vis des
créatures qui naissent et qui meurent, qui sont « un mode éphémère dans le
cours infini de la vie universelle » (Marcel conche). L'idée de « traiter »
ou de « regarder les vivants comme » est ainsi paradoxale dans le sens où la
nature ne saurait s'intéresser "activement" aux créatures qu'elle a enfanté
(Cf. 1-4)
Traduction 2:
« Le Tao ne prend pas parti; il donne naissance au mal comme au bien. »
(Stephen Mitchell)
► Complètement à côté du texte original, cette absence d'implication va dans
le sens d'une nature qui fonctionne hors du cadre des sentiments humains, de
manière spontanée. La notion du bien et du mal est néanmoins contradictoire
puisque le Tao est justement supposé être au-delà de ces concepts !
Contresens ?
Affirmer que Ciel et terre « ignore la bienveillance » ou sont « sans
bonté » est une traduction littérale mais un contre-sens sauf à ajouter
qu'il ignore aussi la malveillance ou la méchanceté. Le terme de « rude »
convient encore moins car il induit l'idée absurde de volonté alors que la
nature n'agit pas en conscience mais selon le Tao !
Proposition: A Nature amorale, créatures chiens-de-paille
Vivre le Tao ?
1. La nature n'est ni bonne ni mauvaise et elle se fiche royalement de
nous ! A nous, si nous nous aimons, de respecter notre nature et de vivre
notre vie le plus respectueusement possible.
2. Inspirons-nous de la nature et cessons de plaquer sur les évènements les
notions de bon ou de mauvais, de bien ou de mal. Prenons du recul et
acceptons ce qui arrive comme ce qui devait arriver. Fatalisme ?
Indifférence ? Si je peux changer quelque chose, alors pourquoi pas, mais si
je ne peux rien y faire, alors à quoi bon ?
3. Nous ne sommes pas grand-chose au regard de l'univers : nous avons un
petit tour à faire dans le banquet de la vie avant de disparaître. Chaque
chose en son temps. Chaque chose fait son temps.
CHAPITRE 5
LE DETACHEMENT
A nature amorale, créatures chiens-de-paille
Au sage détaché, autrui chien-de-paille
L'espace ciel-terre tel un soufflet ou une flute ?
Vide mais inébranlable et à l'usage inépuisable
En parler éloigne. Mieux vaut se fondre en lui.
6-1. L'esprit immortel de la vallée évoque l'obscur féminin
谷 神 不 死 是 谓 玄 牝
gǔ shén bù sǐ, shì wèi xuán pìn
谷 [gǔ] signifie vallée, gorge, céréal, grain ou millet avec, pour certains
commentateurs, une extension vers l'idée de « nourrir ». 神 [shén] signifie
dieu(x), divinité(s), surnaturel, magique, esprit ou intelligent. 死 [sǐ]
signifie mourir, la mort, le mort, à mort ou mortel mais aussi
infranchissable, implacable, inflexible ou rigide. 谓(謂) [wèi] signifie dire,
appeler, parler de, nom, signification ou sens, Cf. 1-8. 玄 [xuán] signifie
noir, sombre, profond, obscur, abscons, peu fiable, incroyable ou
mystérieux, Cf. 1-8. 牝 [pìn] est un caractère peu usité signifiant femelle.
Comme le souligne Marcel Conche, il est utilisé à la place de femme afin
d’écarter tout anthropomorphisme.
Traductions 1:
Le Shen/l'esprit/l'âme de la Vallée/du val/des profondeurs est
immortel/impérissable/ne meurt pas, on l'appelle, ceci évoque, là réside/
c'est elle qu'on appelle la Femelle Mystérieuse, la femelle obscure, le
principe féminin, l'insondable féminin.
Préférence: « L'esprit de la vallée ne peut mourir. Mystérieux féminin. »
(Ma Kou)
► Après le soufflet, voici l'image de la Vallée, l'espace vide entre deux
montagnes, pour continuer à exprimer, cf. 5-3, le vide-créateur, souffle
inépuisable (le terme esprit vient du latin spiritus qui signifie
« souffle ») est source de toute vie, d'où l'analogie avec la matrice
femelle, la « Grande Mère » comme l'appelle Stephen Mitchell. « L'image de
la vallée est la plus suggestive, elle est ample, vaste, vide et peut
accueillir les eaux, de même que celui qui nourrit sa vie est vide et
accueille le souffle de l'harmonie, le souffle céleste, les divinités qui
viennent en lui, ou encore la Voie selon l'interprétation des maîtres
célestes » (Catherine Despeux, p.75)
La notion de « principe féminin » évoqué par Didier Gonin nous interpelle
sur la notion de Yin, principe féminin de la nature associé à ce qui est
négatif, froid, sombre et mystérieux. Dans sa version simplifié 阴, le
radical阝[fù] est une simplification de 阜 qui désigne une monticule, une
butte mais aussi l'adverbe abondant. Il est associé à 月 yuè qui est la lune
(le Yang 阳 est associé au soleil 日) La version traditionnelle, que l'on
retrouve encore à Hong Kong, en Corée ou au Japon s'écrit 陰 avec le même
radical 阝associé cette fois à 侌 [yīn], composition de今 [jīn] qui signifie
maintenant ou aujourd'hui et de 云 [yún] qui signifie nuage. Le sens littéral
serait donc « la partie nuageuse de la butte. » Selon le Shuowen jiezi,
dictionnaire de la dynastie Han, le sens de yin est : « sombre, [comme] le
sud de l'eau ou le nord de la montagne » (Wikipédia) L'analogie de
l'alternance de l'ombre et du soleil sur une montagne et une vallée est
traditionnellement utilisée pour exprimer la relation entre le Yin et le
Yang. « En Chinois ancien, yin et yang signifient respectivement « ubac » et
« adret », soit les versants ombragés et ensoleillés d'une vallée ou d'une
montagne... [...] Selon la position du soleil au fil du jour, l'adret
devient ubac et vice versa... ce qui n'est pas le cas pour les binaires
occidentaux plus dualistes. » (Marc Halévy, p.57-58)
Traduction 2:
« L'entretien des âmes [intérieures] pour ne pas mourir, on le désigne aussi
sous les noms d'insondable et de féminin » (traduction de Catherine Despeux
selon le commentaire du Maître du Bord du Fleuve, p.228)
► « L'insondable, c'est le ciel ; chez l'homme cela correspond au nez. Le
féminin, c'est la terre ; chez l'homme, cela correspond à la bouche. »
explique Catherine Despeux. Le ciel procure le souffle qui pénètre l'homme
via le nez. La terre procure la nourriture qui pénètre l'homme via la
bouche. Respiration et nourriture sont les deux éléments clés de la vie.
Dans cette version, le terme 谷 [gǔ] a donc été pris dans le sens de grain ou
de céréale pour signifier l'idée de « nourrir ». Les termes玄 [xuán] et牝 [pìn]
ont également été différenciés et font allusion à des parties du corps, le
nez et la bouche.
Traduction 3:
« Si l'on désire que son âme ne meure pas, il faut se référer à l'insondable
et au féminin » (traduction de Catherine Despeux selon le commentaire de
« Je me tourne vers vous », p.230)
► « Le féminin, c'est la terre, de nature paisible [...] Si un homme veut
concentrer son essence, son esprit doit être à l'image de la terre, comme
une femme, et ne pas agir en se donnant la priorité » explique Catherine
Despeux. On retrouvera cette idée de l'impassibilité féminine en 10-5. Cette
interprétation est néanmoins basée sur l'utilisation du terme 欲 [yù]
signifiant « désir ou désirer » plutôt que le classique 谷 [gǔ]. On y
remarquera en effet le même radical 谷 [gǔ].
Traduction 4:
« L'esprit, vide comme le val, est au-delà de la mort, insondable
détachement et féminine souplesse. » (traduction de Catherine Despeux selon
le commentaire de Cheng Xuanying, éminant taoïste des Tang, p.233)
► Nous avons là une traduction influencée par la pensée bouddhiste : « le
Val est l'espace vide, la sagesse efficiente et merveilleuse, la prajna des
bouddhistes. L'esprit ayant réalisé la vacuité est détaché de la vie et de
la mort, du samsara. L'insondable évoque l'état indicible de l'esprit qui ne
demeure dans aucune notion ; le féminin suggère sa souplesse » explique
Catherine Despeux.
Proposition: L'esprit immortel de la vallée évoque l'obscur féminin
Nous aurions pu pousser l'audace jusqu'à remplacer « obscur féminin » par le
concept de « yin » mais il nous faut aussi rester fidèle au texte et à cette
idée de mystère.
Vivre le Tao ?
1. Laozi n'a pas finit de faire couler de l'encre car il n'y a pas que le
principe féminin qui est obscur !
2. Quel homme n'a pas déploré l'obscurité féminine ? Mais n'est-ce pas cela
- cette mystérieuse complémentarité - qui donne un intérêt à la relation ?
3. La femme ne vient pas de Vénus, d'une autre planète, mais - tout comme
les hommes d'ailleurs - de la vallée profonde, d'un lieu où il possible de
retourner en se recentrant sur soi, en faisant le vide dans son esprit, pour
se reconnecter à l'énergie de l'univers, à l'esprit immortel de la vallée.
4. L'âme est immortelle parce qu'elle demeure mystérieuse, ne peut être
définie précisément, est détachée du matériel. L'immortalité requiert le
détachement, la non-action, Cf. 2-15.
CHAPITRE 6
L'OBSCUR FEMININ
L'esprit immortel de la vallée évoque l'obscur féminin
La porte de l'obscur féminin est appelée racine du ciel et de la terre
Flux continu si on en prend soin et en use avec parcimonie
auteur[at]lemendiant.fr
Disponible dans toutes les bonnes librairies
à partir du 23 novembre 2016
© Textes et Photos Copyrights Benoît Saint Girons / Toute reproduction
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Le
Mendiant et le Milliardaire
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