Le  M e n d i a n t
et la simplicité volontaire

    

La Genèse d'un personnage...


"Le mendiant était l’antithèse du superman, de l’homme « modèle » qui croit contrôler et diriger son monde. Il était l’antinomique du développement. Il ne clamait pas haut et fort : « Regardez comme je suis performant, beau, riche et intelligent » mais : « Regardez comme je suis faible et, si vous le pouvez, aidez-moi ! » À y réfléchir, la figure du mendiant était emblématique de la condition humaine : un être bon mais plein de faiblesses, qui avait besoin des autres pour vivre et qui n’avait pas honte de l’admettre. En vérité, nous étions tous des mendiants en puissance, même si nous faisions tout pour nous persuader du contraire…"

(Le Mendiant et le Milliardaire)

 

D'où provient l’idée du Mendiant ?
Lors de la rédaction du conte philosophique, le personnage du Mendiant s’est rapidement imposé comme l’anti héros idéal, l’antithèse du "superman", idéalement placé pour critiquer le système : exclu de la société et déjà par terre, il peut en parler de manière plus objective, sans risque de tomber ! C'est en outre une figure emblématique de la simplicité volontaire!
 
Ce n’est quand même pas un mendiant ordinaire…
Ce mendiant n’a en effet rien à voir avec les malheureux SDF que nous croisons de plus en plus souvent et qui n'ont certainement pas choisis leur situation!

Le Mendiant s’inscrit plutôt dans la tradition de la mendicité "positive" ou volontaire que l’on retrouve en Asie ou dans certains pays musulmans : la mendicité en tant qu’apprentissage de l’humilité et de l’ascétisme, en tant que remise en cause de l’ego. La posture du Mendiant n’est ainsi pas sans évoquer celle du Bouddha… ou du sage taoïste Lao Zi...
 

Il s’agit donc d’une quête spirituelle ?
Il est possible d’y trouver une certaine spiritualité mais le conte philosophique est avant tout... philosophique et  terre à terre : il traite de l’homme et non de l’esprit, de la vie quotidienne et non de l’au-delà, de la responsabilité et non des superstitions…

A noter toutefois qu'une version spiritualisée du conte est en cours de préparation...



Jakarta, Indonésie, 1993

 

Il y a quand même une organisation bien mystérieuse et un Petit Livre bleu assez déroutant…
Oui, c’est vrai : Samuel a l’air de suivre une sorte d’initiation secrète. On verra ce qu’il en est à la fin… On pourrait aussi dire que le Mendiant est un conte initiatique dans le sens où il « met au courant » ou qu’il « fait la lumière » sur un certain nombre de scandales. Ce qui est sûr, c'est que le lecteur ne sera plus tout à fait le même après avoir rencontré le mendiant… Mais n’est-ce pas toujours le cas lorsque nous rencontrons quelqu’un ? Comme le dit le majordome : « Nous sommes tous entourés d’êtres extraordinaires mais nous sommes généralement trop accaparés par notre ego pour en prendre conscience. »
 
Qui est ce mendiant ?
Il est ce que vous souhaitez qu’il soit : confident, mendiant, ami, thérapeute, professeur, libre, sage, fou,… Il y a tellement de qualificatifs possibles… Il est un vecteur de générosité et une aide pour tous ceux qui lui accordent un instant.
 
Il est aussi philosophe…
Dans le sens que donnait Epicure de la philosophie, oui : « La philosophie est une activité qui procure, par les raisonnements et les discussions, la vie heureuse. » Le mendiant, via la discussion, invite ses interlocuteurs à raisonner, à retrouver leur liberté de penser et d’agir.



Banaue, Philippines, 1995

 

Il est militant...
Il dénonce en effet les manipulations et l’exploitation des hommes et appelle à un nouveau paradigme de la société : la coopération entre individus plutôt que la loi de la jungle, le contentement personnel plutôt que le développement du personnel, la richesse humaine plutôt que les ressources humaines, la force plutôt que la violence, les fondamentaux plutôt que le bien-être superficiel… Il donne également des pistes pour dépasser les conditionnements et gagner en liberté et en mieux-être.
 
Il donne des informations...
Je crois que la remise en cause du système passe par l’information : si j’apprends à quel point je suis manipulé, je ne vais pas forcément me révolter mais je vais peut-être changer mes habitudes. Personne n’aime se considérer comme un mouton, une vache à lait ou un cobaye ! Dire « vous devriez arrêter de fumer » ou « fumer, c’est pas bien ! » est aussi infantilisant qu’improductif. Mettons plutôt en avant les moyens dont se servent les industriels du tabac pour manipuler les fumeurs et donnons à chacun les moyens d’alimenter sa propre réflexion. C’est l’objet des dossiers et des contes à rebours gratuits: De l'air! et Bon appétit!
 
Le Mendiant est très critique vis à vis de notre système de santé...
Il est critique vis à vis du système en général ! Mais comme la santé est l’élément primordial du mieux-être et d'une écologie véritable, il est normal que nous ouvrions le débat. J’ajoute qu’avec notre travail dans nos (anciens) centres à Genève www.lemieuxetre.fr , nous avons pu constater les dégâts. Le stress fait des ravages! Or que constatons-nous : 1. Que les solutions allopathiques traitent des symptômes mais non des causes. 2. Que la chimie affaiblit le système immunitaire et entraîne souvent une dépendance. 3. Que certaines solutions naturelles donnent d’excellents résultats sans ces effets secondaires. 4. Que malgré ces résultats, ces solutions continuent à être snobées par un corps médical sous l’influence de l’industrie pharmaceutique. C’est cet obscurantisme de la médecine que le Mendiant dénonce. Les médecins ne demandent pas mieux que d’être fidèles au serment d’Hippocrate mais le système essaye constamment d’endormir leur vigilance à coup de somnifères…



Île de Camiguin, Philippines, 1995

 

Que disait Hippocrate ?
Il demandait aux médecins de conseiller à leurs patients « le régime de vie capable de les soulager » et d’écarter d’eux « tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible » Il parlait de « régime de vie » et non de médicaments c’est à dire qu’il mettait l’accent sur la prévention. Une personne en bonne santé n’a-t-elle pas moins de "chance" de tomber malade ? Il disait « Le corps fait une maladie pour se guérir » et aussi : « Que ta nourriture soit ton médicament et ton médicament ta nourriture » Si nous commencions par bien manger, nous nous porterions déjà bien mieux... mais cela, tout le monde le sait ! Ce que tout le monde ne sait pas, c’est à quel point les aliments modernes sont dénaturés et néfastes pour notre organisme…
 
Le Mendiant déclare « Tant que le fric primera sur le bien-être, la maladie sera notre lot commun… »
L’énergie du système, c’est l’argent. Or, il est évident qu’un malade obèse et complexé sera plus "rentable" qu’une personne en bonne santé physique et psychologique. Le système n’a aucun intérêt à notre bien-être puisque c’est lorsque nous sommes heureux que nous consommons le moins! A quoi me serviraient des gadgets si j’ai déjà l’essentiel ? Le mal-être, les complexes, les peurs et les frustrations sont de bien meilleurs vecteurs de consommation. Comme le dit la bibliothécaire : « La nature a peut-être horreur du vide mais le système en a fait son fonds de commerce. »
 
Il remet aussi en cause une consommation excessive…
Excessive d’abord dans le sens où nous la contrôlons mal : nous sommes littéralement poussés à consommer et, cela, de plus en plus jeune, au point que des enfants sont moqués parce qu’ils ne portent pas de marques ou n’ont pas le dernier téléphone portable… Excessive aussi parce que les produits consommés sont parfois de mauvaise qualité ce qui entraîne soit du gaspillage (lorsque l’appareil made in China casse en quelques mois), soit des problèmes de santé dans le cas de l’alimentation (produits raffinés plutôt que produits complets par exemple). Excessive enfin dans le sens de ce que l’on en attend : entre les promesses des publicitaires et le bien-être véritablement obtenu, il y a souvent de la marge ! C’est pourquoi je cite les philosophes grecs, au premier rang duquel Epicure qui, s’il met bien en avant la notion de plaisir, invite à la trouver d’abord en soi.



Hoa Lu, Vietnam, 1997

 

Vaste programme !
Oui mais n’est-ce pas le plus important ? Ne pas cesser, bien sur, de consommer (qui le pourrait ?) mais devenir un consommACTEUR libre et responsable. Dans le même temps, être globalement content de soi, satisfait de ses journées, optimiste pour son avenir, reconnaissant pour son passé,…
 
... et heureux ?
Le mendiant parle moins de bonheur que de mieux-être. En fait, le message du mendiant est multiple: si d’un côté, il invite à se prendre en charge et à mieux se connaître, il reconnaît aussi la nécessité d’accepter nos défauts et nos erreurs. Il dénonce ainsi, comme Pascal Bruckner, la tyrannie du bonheur et de la perfection qui nous rend inhumain de vouloir être plus qu’humain. La philosophie du mendiant est avant tout humaniste : elle replace l’homme au cœur du jeu !
 
Quelles sont les règles du jeu de la société ?
La règle principale serait de prendre du plaisir à jouer, tout en respectant le plaisir des autres. Tricher, être mauvais joueur ou essayer de gagner à tout prix sont de mauvaises stratégies car personne ne peut gagner à tous les coups. Nous avons tendance de nos jours à jouer bien trop sérieusement. Il est urgent que nous retrouvions notre âme d’enfant et notre capacité d’émerveillement. Le monde est beau mais notre regard est trop souvent embué…

Que voyons-nous dans les journaux télévisés d’habitude: tout ce qui sort de l’ordinaire ! Le crash d’avion plutôt que les milliers de vols qui atterrissent quotidiennement sans encombre, le meurtre plutôt que les milliards de poignées de main ou de sourires… Sur une page blanche, c’est évidemment le point noir qui saute aux yeux ! Or avec la bonne perspective, avec la bonne hauteur, le point noir peut disparaître !



Moon Hill, Yangshuo, China, 1997

 

Parlez-nous du projet écologique...
Il s'agit tout simplement de diffuser gratuitement, via email, un petit conte écologique assez percutant: De l'air!  J'espère ainsi pouvoir aider à la prise de conscience des manipulations dont nous sommes les victimes, manipulations entraînant de multiples pollutions. Il s'agit d'un manifeste en faveur de la lib'airté...
 
Et un projet alimentaire...
Pas très original puisqu'il s'agit... de diffuser gratuitement, via email, un petit conte alimentaire assez percutant: Bon appétit!  Il s'agit cette fois de faire prendre conscience de la malbouffe ambiante et de favoriser l'Aliment'Action, seule gage de santé et de vitalité.
 
Bref, voici un mendiant qui donne beaucoup!
Les mendiants donnent toujours beaucoup! Ce sont nous, les passants, qui devons apprendre à mieux recevoir... et à donner en retour... Il ne faut pas grand chose pour changer le monde. Juste une nouvelle perception de la vie...


Shaolin Friends, Chine, 1998

 

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