Le Mendiant est une histoire mais c’est aussi un
conte militant: un conte à rebours du système! Au delà des messages philosophiques axés sur
la liberté et la responsabilité de l’homme, le Mendiant s’attaque aussi au système. Pourquoi ? Parce
qu’il est libre de le faire ! Un mendiant n’a rien à prouver, rien à
vendre, rien à paraître ! Placé en dehors de la société – d’aucuns
diraient exclu – il est idéalement placé pour analyser
les dérives de la société capitaliste, pour
rendre compte de l’envers du décor… Le Mendiant, c’est le
contradicteur du système par excellence ! Et il n’a rien à en
craindre puisqu’il est déjà par terre… Il dira donc les choses comme
elles lui viennent, sans prendre de manières, au risque parfois de
choquer les conservateurs.
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Mais qu’est-ce donc que ce système ? Selon le Mendiant, le système,
est ce qui nous échappe, ce qui fondamentalement
manque de sens. Ce
sont les néons de la consommation; la pente douce qui mène au
précipice ; une espèce de trou noir, qui gagne en énergie à mesure
qu’y sombrent les esprits… Nous sentons tous, intrinsèquement, que
quelque chose ne tourne pas rond dans nos sociétés. Et bien c’est le
système qui est aux commandes !
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Valable également pour les autres années...
Dessin Jean Philippe Combaz pour
Satoriz
La Bibliothécaire et Samuel :
– […] Vous voulez vous développer ? Fort bien, mais posez-vous au
préalable les questions suivantes : le faites-vous pour vous
épanouir et gagner en liberté ou simplement pour surpasser les
autres ? Votre démarche est-elle personnelle ou bien téléguidée par
le système ? Il est évident que la loi de la jungle plaît aux
puissants : soit j’y arrive et je deviens plus performant, plus
riche et plus consommateur, soit je n’y arrive pas et je deviens
alors frustré, mais tout autant consommateur afin d’oublier mes
frustrations.
– Je pourrais aussi me révolter…
– Contre un système auquel je rêve inconsciemment de participer ?
Regardez comme les marques sont vénérées dans les cités !
Voyez-vous, jeune homme, la nature a peut-être horreur du vide, mais
le système en a fait son fonds de commerce : le mal-être, les
complexes, les peurs et les frustrations sont incontestablement les
moteurs de la consommation. Le système n’a aucun intérêt à vouloir
notre bien-être car c’est lorsque nous sommes heureux que nous
consommons le moins. À quoi me serviraient des gadgets si j’ai déjà
l’essentiel ?
– Si je vous comprends bien, nous serions donc les victimes d’un
gigantesque complot ?
[...]
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La bibliothécaire appartient, Samuel le découvre de manière un peu
douloureuse, à une organisation mystérieuse. Son but ? «
Changer le système et notre vision du monde
»
Vaste programme ! Mais avons-nous le choix ? «
Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière
empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que
l'argent ne se mange pas. » dit un proverbe Cri (Indiens du
Canada).
Si au moins nous nous sentions bien dans nos baskets estampillées ?
Même pas ! Le stress fait des ravages et
serait la première cause d’arrêt maladie en France !
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Dessin Jean Philippe Combaz pour
Satoriz
Le Mendiant et Jean-Jacques :
– Il n’y a pas un gagnant lorsque l’on joue, il n’y a alors que des
gagnants : ceux qui ont pris du plaisir avec et non pas contre les
autres. Mais cela aussi nous avons tendance à l’oublier : nous
jouons de nos jours bien trop sérieusement ! Obnubilés par la
réussite et la performance, nous sommes devenus mauvais joueurs. Le
système demande à l’homme de se comporter comme un ordinateur qui ne
planterait jamais et irait toujours plus vite. Pas étonnant que les
virus se multiplient !
– Il y a de toute évidence un problème de logiciel…
– Je dirais plutôt d’incompatibilités, entre ce que nous sommes et
ce que nous montrons, entre ce que nous aimons et ce que nous
faisons…
– Il faudrait expliquer cela aux malheureux.
– Oui, mais attention à ne pas oublier les vertus de la tolérance :
quelqu’un n’acceptera de changer qu’à la lumière de ses propres
raisonnements. Tu peux l’aider à y voir plus clair mais, s’il ne t’a
rien demandé, tu ne dois rien attendre de lui en retour. […]
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Mais ce qui s’applique aux individus ne s’applique pas aux
organisations : si l’on peut – si l’on doit, même – tolérer les
défauts de ses voisins, il convient de dénoncer sans tarder
les scandales d’un système qui nous mène dans le mur.
Chacun est libre de son style de vie mais les entreprises n’ont pas
le droit de foutre en l’air la planète ! Chacun est libre de gagner
de l’argent mais pas en mettant au chômage des milliers de personnes
! Chacun est libre d’entreprendre mais pas au
détriment de la santé publique !
Toute action, toute liberté, implique une responsabilité : les
individus le savent mais les entreprises se défaussent souvent… sur
le système !
« Nous n’avons pas le choix » revient comme un leitmotiv :
pas le choix que de continuer à grossir, pas le choix que de réduire
les coûts, pas le choix que de verser des dividendes toujours plus
importantes aux actionnaires… Pas le choix, vraiment ?
Pauvres sociétés victimes d’un système qui les
dépasse…
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Dessin Jean Philippe Combaz pour
Satoriz
Bref, [ce monsieur] était l’exemple idéal pour illustrer leur
théorie selon laquelle l’insouciance des hommes était en grande
partie responsable du mal-être ambiant.
Pour illustrer ses propos, Madame Persigny fila une métaphore :
– Pourquoi penses-tu que les bébés qui, il y a deux générations,
devenaient propres avant l’âge de deux ans, ne le deviennent
aujourd’hui qu’à l’âge de trois ou quatre ?
– Je ne sais pas, ils ont trop lu Freud ?
– Il y a peu de risques, la lecture aussi n’est maîtrisée que de
plus en plus tard… Non, c’est surtout à cause de leurs couches.
– Leurs couches ?
– Oui, leurs couches, tellement perfectionnées qu’elles absorbent
presque un litre d’urine sans que les enfants ne se sentent
mouillés. Pourquoi alors évolueraient-ils, pourquoi
deviendraient-ils propres ? Ce n’est que lorsque les fesses sont
mouillées que l’enfant sent une gêne et fait de son mieux pour
éviter de la sentir à nouveau.
– Si je vous suis bien, plus les couches sont perfectionnées et plus
il faudra mettre de couches ?
– C’est bien cela, les couches sont une solution de facilité qui
nuit à l’apprentissage de la propreté. Ce pourrait aussi être le
symbole de notre société molletonnée : la couche nous évite d’avoir
à nous prendre en charge et nous donne l’illusion de la vertu. En
vérité, la croissance n’est possible que si l’on accepte à la fois
de faire des efforts et de commettre des erreurs. Trop de confort
artificiel nuit au développement. C’est un peu comme si un papillon
préférait rester une larve plutôt que de quitter son cocon. Tu te
rends compte du scandale chez les insectes !
– Chacun est tout de même libre de son style de vie, non ?
– Évidemment, mais il est toujours dangereux d’être en contradiction
avec sa nature. J’ajoute que, dans la position de [ce monsieur], son
dilettantisme affecte aussi des milliers de salariés. Encore le mois
dernier, l’une de ses sociétés a licencié près de 400 personnes
malgré des bénéfices records. Dans ces cas-là, un électrochoc est
nécessaire et c’est ce que nous allons lui administrer par ton
entremise [...]
– Écoutez, je compatis tout à fait à la situation précaire de ces
chômeurs [...], mais ce n’est pas une raison valable pour que je
vous aide à manipuler ce type. Vos objectifs sont peut-être
louables, mais je n’aime pas beaucoup vos méthodes…
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Et si nous les aidions, ces sociétés, de la
même manière que la bibliothécaire aide [ce monsieur], à retrouver
le choix ?
Comment ? Via nos achats ! C’est à cela que la bibliothécaire pense
lorsqu’elle dit : « C’est par l’argent que nous pouvons vaincre !
» Devenons consommACTEUR, informons-nous et votons,
avec notre argent, en faveur des produits sains et éthiques !
Il est interdit en France d’appeler au boycott d’une société et
c’est une excellente chose : personne n’a intérêt a mettre une
société bouc émissaire (et ses salariés) sur la paille, de même que
personne ne gagne jamais à insulter ou à détruire.
Il ne s’agit donc pas de manifester bruyamment contre X ou Y mais
plutôt d’orienter progressivement nos achats vers les produits qui
satisfont au cahier des charges. Alors les entreprises auront
(financièrement) intérêt à suivre le choix de la
raison…
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Dessin Jean Philippe Combaz pour
Satoriz
Jean-Jacques s’accorda un instant de réflexion. Oui, ce cancéreux
n’avait pas totalement tort : le système renforçait les inégalités
et prospérait sur la misère. La valeur financière d’une société
n’augmentait-elle pas à chaque annonce de licenciements ? La bourse
n’avait-elle pas surfé allègrement sur le tsunami asiatique ? Il
faudrait peut-être que je jette un coup d’œil sur mes affaires, se
dit-il en conscience. Je participe sans doute aussi à cette gabegie…
– Je vous remercie de m’avoir ouvert les yeux sur tous ces
problèmes, reprit Jean-Jacques.
– Il n’y a pas de quoi, répondit le malade. J’attends avec
impatience le moment où tout pétera !
– Comment ?
– BOUM ! Une bonne grosse explosion qui mettra tout le système à
terre…
– Alors là, je ne vous suis plus, vous ne pouvez pas à la fois
dénoncer la violence et l’appeler de vos vœux…
– Mais si, puisque c’est pour la bonne cause !
– La violence serait fondée à partir du moment où elle servirait vos
intérêts, c’est ça ?
– Pas seulement mes intérêts, mais aussi ceux de tous les opprimés.
Après tout ce qu’on a subi, c’est de la légitime défense !
– Mais quand tout cela s’arrêtera-t-il ? Quelle différence pour la
balance du monde si les oppressés se transforment en oppresseurs ?
Pourquoi ne pas rejeter une fois pour toutes la violence ? Comment
réformer un système sans changer les règles du jeu, sans commencer
par se réformer soi-même ? C’est un peu facile de s’en prendre à
tout le monde, sauf à soi-même ! Qu’avez-vous fait, VOUS, pour
améliorer les choses ?
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Le système n’est donc pas un gros problème mais six
milliards de petits problèmes : il revient à chacun de
s’informer et de penser librement afin d’agir en conscience. Chacun
est libre de son style de vie mais encore convient-il d’être libre !
Le
consommACTEUR trouvera dans les pages qui
suivent quelques éléments de réflexions pour gagner en liberté et
s’affranchir du système. Les sujets de scandales sont innombrables
et cette section ne manquera pas, malheureusement, de s’étoffer au
fur et à mesure que remonteront les affaires…
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Dessin Jean Philippe Combaz pour
Satoriz
– Et où en est votre projet de remettre en cause le système ?
– Tu as dû constater une recrudescence des livres et des articles
sur le bien-être et les scandales industriels : la chimie
omniprésente , les cosmétiques nocifs pour la peau , les médicaments
aux effets secondaires catastrophiques, la malbouffe, les
pseudo-plans sociaux pour satisfaire la cupidité des actionnaires,
les hypermarchés qui cassent les prix et les emplois …
– C’est vous qui êtes derrière tout ça ?
– De manière indirecte… Les journalistes et les auteurs sont bien
entendu indépendants, mais nous favorisons la tendance. Nous
intervenons surtout en amont, au niveau de l’évolution des
mentalités. À cet égard, nous avons d’ailleurs décidé, après les
jeunes, de nous intéresser aux dirigeants d’entreprises. Là aussi,
c’est toi qui seras le pionnier…
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« Le libéralisme est dangereux et conduira
aux mêmes excès que le communisme »
(Jacques Chirac, si même lui le dit...)
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